samedi 19 juillet 2014

Philippe Demoulin, le (presque) dernier combattant de 1830

Philippe-Joseph Demoulin est né le 28 décembre 1809 à Arquennes, alors situé dans le département de Jemappes, qui fait aujourd'hui partie de la commune de Seneffe. Il est le fils de cultivateurs, François-Joseph Demoulin et Marie-Catherine Piron. Il a donc grandi dans la ferme familiale, dénommée "Grande Peine". 



Le 25 mai 1828, il est incorporé pour une période de cinq ans dans la 2ème division d'infanterie. Lorsque la Révolution belge a éclaté, il n'a pas hésité à participer aux combats du parc de Bruxelles qui ont réussi à refouler les Hollandais. Pour cet engagement, Philippe Demoulin a reçu la Croix commémorative des Volontaires de 1830 et fut fait plus tard Chevalier de l'Ordre de Léopold. Le 1er octobre 1830, il est admis au sein de l'armée belge et est passé en 1836 au 12ème régiment de réserve duquel il fut congédié deux ans plus tard. 

Les trois derniers combattants de 1830 (de droite à gauche) :
Jean-Philippe Lavallé (1908-1913), Antoine Lemoine (1807-1911) et
Philippe Demoulin (1809-1912
Toile d'Emile Vermeersch (Musée royal de l'Armée et d'Histoire militaire)



Revenu dans son village d'Arquennes, il s'est marié à Joachime Wauthmy qui lui a donné onze enfants. Il a installé en son domicile un café. Disposant d'une santé de fer, il a lu jusqu'à l'âge de 95 ans sans lunettes et était un fumeur de pipe invétéré. Considéré comme le dernier combattant de 1830 en vie, il a reçu le 16 janvier 1912 la visite du roi Albert Ier. Les sources indiquent que lors d'une visite préalable du secrétaire du Roi, il fut difficile de le convaincre d'accepter cet honneur. Lui qui a déjà eu l'occasion de se voir présenter aux rois Léopold Ier et Léopold II, il a accueilli en wallon, dans son ancien costume bleu de combattant, le souverain sur le seuil de son habitation en indiquant qu'il ne pensait pas un jour rencontrer trois rois! Il a déclaré ensuite que bien qu'étant né Français et ayant servi dans l'armée de Guillaume Ier des Pays-Bas, il ne se sentit jamais autre chose que Belge. Cette visite qui se voulait privée s'est tout de même effectuée en présence du bourgmestre François Deladrière, de l'échevin Rousseau et de l'abbé Delhaye, sans oublier sept de ses enfants, huit petits-enfants et sept arrière-petits-enfants. 

Visite du roi Albert Ier

Posant avec sa fille devant le portrait offert par le roi Albert Ier

Un mois à peine après la visite royale, Philippe Demoulin est décédé le 14 février 1912. Le roi Albert Ier a envoyé un télégramme de condoléances et le drapeau belge a été mis en berne à la maison communale d'Arquennes. La grande salle a d'ailleurs servi de chapelle ardente. Les funérailles, qui ont attiré de nombreuses personnes, se sont déroulées en présences de Michel Levie, Ministre des Finances, et de Jules Renkin, Ministre des Colonies. Le Roi y envoya le lieutenant-colonel baron de Moor, son aide de camp, ainsi que la capitaine Lattoir. M. Gueltan, du département de l'Intérieur, y prononça un discours au nom du gouvernement, suivi par le bourgmestre Deladrière pour les habitants d'Arquennes et par le président de la Société centrale des enfants des combattants de 1830. Suite à ce décès, on apprit en réalité qu'un autre combattant de la Révolution était encore en vie : Jean-Philippe Lavallé, né en 1809 et qui est décédé le 19 février 1913.  

Lors des funérailles, à la sortie de l'église


Pour ne pas oublier le combattant de 1830 Philippe Demoulin, une plaque commémorative a été apposée sur la façade de son habitation, aujourd'hui "Café du Stade" sur la place Albert Ier. Il y est mentionné : « L'an mille neuf cent et douze le 16 du mois de janvier S.M. Albert Roi des Belges est venue en cette modeste demeure saluer Philippe Demoulin le dernier combattant de 1830 décédé le 14 février 1912 dans sa 103ème année ». Lors des festivités du centenaire de la Belgique qui se déroulèrent le 15 juin 1930 à Arquennes avec notamment l'inauguration de l'Arbre du Centenaire (un chêne) par le bourgmestre Gilloux, le souvenir de Philippe Demoulin fut une fois de plus mis à l'honneur. Plus récemment, en 2013, les habitants d'Arquennes ont choisi de baptiser une rue à son nom dans un lotissement qui verra jour dans le futur.



En mai 2015, une exposition consacrée à Philippe Demoulin, organisée par la Maison de la Mémoire et Michel Ameryckx, s'est tenue à la Grange à la Dîme à Arquennes. Elle y présentait des effets personnels du combattant de 1830, tel son shako tricolore, ainsi que des documents sur la Révolution belge et les combats de Bruxelles.

Télésambre
Télésambre

Texte de Valentin Dupont, secrétaire de Pro Belgica Hainaut
Merci à Yves Roland, porte-drapeau de Pro Belgica, pour avoir communiqué certaines informations.
Merci à Rita Delloy du Lasart, membre de Pro Belgica Hainaut, pour avoir communiqué plusieurs documents iconographiques et la photo de la plaque commémorative. 

2 commentaires:

  1. Je possède une petite statue en plâtre colorier de mr du moulin qui appartenait à ma grand mere

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  2. Le dernier était gaumais Jean Phillipe Lavallé https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:33SQ-GRFM-93T8?i=295&wc=S514-6TP%3A367484501%2C367635701&cc=2138510

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